Dans tout ce que je fais, je reviens très souvent vers l’éthique et c’est important de la définir car elle le sens est assez complexe : en effet, c’est une discipline philosophique et qui plus est porte sur les jugements moraux.

Selon moi, c’est un contrat relationnel qui permet de sécuriser les échanges entre deux ou plusieurs personnes.

Si on établit ensemble un cadre éthique dans lequel on fixe les droits et les devoirs de chacun, on crée une charte de fonctionnement, une charte rationnelle, une charte morale. On fait tout pour éviter de tomber dans des violences et j’insiste dans le cadre de l’éthique. On définit ce que représente la violence pour chacun de nous pour délimiter les lignes à ne pas franchir.

Une violence à l’encontre des femmes qui atteint toutes les strates de la société et les médias

Cette semaine, j’ai été scandalisée par une communication entre deux journalistes qui bénéficient d’une grande notoriété. En réalité, ils animent une émission et celle-ci comporte une rubrique qui consiste à poser des questions très personnelles aux invités la plupart du temps, ce sont les femmes qui en sont victimes. Elles sont attaquées dans leur intimité. Ces journalistes obtiennent ces informations avec des moyens peu « éthiques ». C’est d’une violence inouïe. Et d’un autre côté, les victimes, touchées dans leur intégrité morale, se sentent obligées de répondre puisque l’émission compte un nombre d’audimat assez important.

Je pense qu’aujourd’hui, il est temps de mettre fin à cette mascarade où l’on se permet de tout faire au profit du buzz. C’est devenu de plus en plus courant chez nous parce qu’il n’y pas de décisions de justice claires qui pourraient mettre fin à cette violence et donc pas de mise en application des textes de loi. Je me focalise ici beaucoup sur la femme car dans nos sociétés, malheureusement il n’y a pas d’égalité entre les genres. Comme vous le voyez, ces journalistes n’oseront jamais faire la même chose à des hommes et la preuve en est, quasi toutes les victimes sont des femmes.

Le stéréotype de la femme qui doit préserver sa réputation

Cela nous ramène au stéréotype de la femme fragile qui doit faire très attention à son image et à sa réputation. C’est pour ça que dans mon travail, je trouve qu’il est important de renforcer les capacités et compétences de ces femmes pour qu’elles trouvent en elles ce qu’il faut pour aller à l’encontre de ces violences continues. Quand j’étais dans un parti politique, on m’a souvent conseillé de ne pas me mettre en première ligne pour éviter qu’on aille chercher et qu’on divulgue des informations très confidentielles à ton sujet. En réaction à ces “conseils”, je suis allée voir mon mari et mes enfants et pris le temps de  leur ai expliquer ce qui se passait et nous avons convenu que, comme nous l’avons toujours fait : Si une information venait à fuiter, nous devions en discuter en famille et réagir en parfaite harmonie et cohérence avec nos valeurs et principes communs. Me renforcer de l’intérieur est la manière que j’ai choisie pour combattre cette violence qu’on nous impose et qu’on normalise. On en revient alors à l’éthique et aux valeurs puisque mon comportement et mes idées sont cohérents et congruents à celles-ci. De ce fait, je suis capable d’affronter ces attaques. Heureusement, on a des lois contre la violence clairement établie mais qui nécessitent un travail sur le plaidoyer pour leur mise en application. Il est vrai que le travail sur soi est très important par ailleurs il faut également se pencher côté législatif. 

Conseils aux femmes que j’accompagne

Je les accompagne plutôt que de les conseiller. On travaille d’abord à ce qu’elles se connaissent elles-mêmes parce que notre société considère indécent d’être centré sur soi, de s’aimer et de se trouver des qualités. Cette meilleure connaissance de soi va leur donner une plus grande confiance en elles et par voie e connaissance une meilleure estime d’elles-mêmes : Je les accompagne en mode coaching à identifier les points forts, les axes de développement, le projet de vie et les objectifs personnels et professionnels. ; comment aller vers une meilleure hygiène relationnelle et elles travaillent sur la consolidation de l’estime de soi, leur l’équilibre intérieur et l’alignement qui va leur permettre de tenir bon face à toute attaque venant de l’extérieur. 

Est-ce que ce problème d’alignement ne serait pas dû à la société qui distribue le rôle de la femme et lui dicte ce qu’elle doit être ?  Quand on parle de la connaissance de soi, on passe impérativement par des questionnements du style : (Où suis-je aujourd’hui ? A quel point je veux être là ? Est-ce que j’ai voulu être là ?). C’est un très grand travail sur soi qui est fait et c’est également pour ça qu’on accompagne ces femmes. On revient encore une fois sur l’éthique car quand elles fixent des objectifs qui leur permet de se développer personnellement et professionnellement, il est essentiel qu’ils répondent à certains critères notamment le SMART (S : spécifique /M : mesurable /A : atteignable/ R : réaliste/ T : temporel) mais aussi l’éthique et l’écologie. Cela signifie qu’il ne doit en aucun cas porter préjudice à quiconque. Donc ces objectifs sont d’une certaine manière négociés et consentis avec l’entourage qui est, d’une certaine manière, partie prenante des changements visés : d’un côté elles préservent ce qui essentiel pour elles et de l’autre l’entourage peut être un moteur pour leur développement.